Comme nous l’avons rappelé à plusieurs reprises, les groupes radicaux – y compris des groupes terroristes ou sympathisants de ceux-ci – utilisent souvent avec virtuosité l’outil Internet. Ils savent que la guerre de la propagande n’est pas la moins importante et comprennent les possibilités de communication tant interne qu’externe offertes ainsi. Mais l’espace virtuel a pour base des serveurs qui existent bien dans des lieux identifiables. De plus en plus, malgré les préoccupations de ceux qui tiennent à conserver Internet comme un espace libre, les pressions vont croître pour qu’un plus grand contrôle s’exerce. Cet article de l’agence RIA-Novosti nous donne quelques échos de ces pressions appelant à des pratiques plus strictes.
Au mois de juillet 2004, sur les 25 sites islamistes connus et sites d’Al-Qaïda, 19 recouraient aux services de fournisseurs d’accès américains.
Tels sont les chiffres que cite un rapport rédigé par Marie-Hélène Boccara, chef de projet à l’Institut de recherche médiatique du Moyen-Orient (MEMRI, Washington). Ce rapport est consacré à l’utilisation d’Internet par les organisations terroristes islamistes, notamment celles liées à Al-Qaïda.
Bien que plusieurs fournisseurs d’accès aient suspendu d’eux-mêmes leur soutien à certains de ces sites après la publication du rapport, quatre sites au moins, dont Al-Battar, lié à un centre d’entraînement d’Al-Quaïda, “Les brigades des martyrs d’Al-Aqsa” et le “Centre d’information tchétchène”, continuent d’utiliser les services de serveurs américains.
Le “Centre d’information tchétchène”, dont la page d’accueil s’ouvre sur un portrait d’Aslan Maskhadov et de combattants en tenue de camouflage, peut être consulté en arabe, anglais, russe et turc; en plus des textes et des photographies, il propose des enregistrements vidéo d’opérations de combat, montrant notamment des embuscades tendues par les séparatistes.
Le Centre a été enregistré au mois de novembre 2003, dans la zone off-shore de Vanuatu, une île de l’océan Pacifique, mais, par le biais d’intermédiaires, il recourt aux services de la compagnie privée “C I Host” qui, en plus de son siège à Bedford (Texas), possède des filiales à Los Angeles et Chicago.
“C I Host” a pour clients nombre de sociétés bien connues comme McDonald’s et même le ministère américain du Commerce, mais le fournisseur d’accès texan joue aussi les “grossistes” et propose ses services par le biais de plus de huit mille sociétés intermédiaires dans le monde entier.
Selon Marie-Hélène Boccara, le fait que les propriétaires de sites islamistes recourent aux services de compagnies américaines via un système complexe et tortueux d’intermédiaires ne devrait pas empêcher le principal fournisseur d’accès américain de mettre un terme à leur activité, à condition d’en avoir la volonté.
“S’il le voulait, il trouverait les moyens”, souligne l’auteur du rapport, pour qui “le fournisseur d’accès aux services internet a sans nul doute le pouvoir de bloquer les adresses internet qui lui appartiennent.
Marie-Hélène Boccara estime que le contenu des sites islamistes qu’elle énumère dans son rapport est en soi suffisant pour que l’on puisse parler d’une “infraction à la politique des sociétés internet concernant “l’utilisation admissible” de leurs services”.
Nombre de ces sites sont liés à des organisations qui ont été officiellement incluses dans la liste des organisations terroristes étrangères dressée par le Département d’Etat américain, souligne Marie-Hélène Boccara.
© 2004 RIA-Novosti