Meilleure sécurité aérienne et renforcement des contrôles frontaliers, préparation améliorée face à d’éventuels attentats biologiques, plus grande coopération internationale: tels sont quelques-uns des progrès enregistrés par les Etats-Unis dans la lutte contre le terrorisme. Mais la sécurité portuaire, la coordination des premiers secours en cas de crise, la formulation d’une stratégie à long terme, ne sont pas encore réalisées comme il le faudrait.
Le troisième anniversaire des événements du 11 septembre 2001 a tout naturellement été, comme chaque année, l’occasion d’un bilan de la part de différents médias et observateurs.
Dans une analyse publiée sur son site, l’influent Council on Foreign Relations (CFR) a tenté de se livrer à une évaluation précise des résultats atteints, sur le plan domestique aussi bien qu’à l’échelle internationale.
Sur territoire américain, la création du Department of Homeland Security (qui regroupe en un seul département 22 services autrefois séparés) est considérée comme un pas important vers une plus grande cohérence de l’action gouvernementale.
La sécurité aérienne et celle des frontières ont été notablement renforcées. Il en va de même des préparatifs contre un attentat qui utiliserait des moyens biologiques: un système de détection précoce a été mis en place dans les grandes villes américaines (projet BioWatch), avec la mise en place de détecteurs atmosphériques placés dans des endroits tenus secrets. Un autre programme (BioShield) permettrait de distribuer rapidement vaccins et autres équipements médicaux nécessaires en cas d’incident.
En revanche, selon les analystes du CFR, beaucoup reste à faire pour assurer la sécurité des installations portuaires. Les problèmes de communication entre différents intervenants en cas de situation de crise ne sont pas encore résolus. Les réformes des services de renseignement restent à mettre en œuvre.
Sur le plan international, l’échange entre services de renseignement s’est amélioré, même avec des pays qui ne partagent pas la position des Etats-Unis sur des questions comme la guerre en Irak.
L’organisation d’Al Qaïda a subi de sérieux coups – à en croire le gouvernement américain, 70% de ses dirigeants auraient été mis hors combat (mais l’on sait moins bien dans quelle mesure d’autres leur succèdent).
Les efforts pour repérer et prévenir toute tentative d’un groupe terroriste de se procurer des armes de destruction massive ont été intensifiés.
Des pays du monde musulman qui ne sévissaient guère contre les éléments radicaux autrefois (Arabie saoudite, Pakistan, Yémen, Indonésie) ont commencé à se montrer plus actifs.
Même si beaucoup reste à faire pour interrompre les flux financiers susceptibles d’alimenter le terrorisme, de nombreux comptes suspects ont déjà été bloqués.
En revanche, toujours selon les observations du CFR, il manque encore une stratégie à long terme pour empêcher l’émergence de nouvelles générations de terroristes. Et l’on ne voit pas encore très bien comment l’Irak va être stabilisé.
L’analyse se conclut en s’interrogeant: comment définir la victoire dans la “guerre contre le terrorisme”? Une question qui suffit à montrer le caractère problématique de cette expression… Les experts suggèrent qu’une victoire se traduirait non par un retour à la situation antérieure, mais par une réduction sensible de la crainte d’attentats terroristes, quand on cessera de vivre dans la crainte d’un attentat majeur et que le risque du terrorisme ne sera plus au cœur des considérations de sécurité nationale.
En résumant cette analyse et ces conclusions, on prend conscience de tout ce qui a changé depuis le 11 septembre et de l’impact du terrorisme, bien au delà des événements immédiats.