Le 16 mars 1978, à Rome, un groupe des Brigades Rouges enleva Aldo Moro (1916-1978), président de la Démocratie chrétienne, alors qu’il se rendait au Parlement pour y assister au débat de confiance sur le quatrième gouvernement Andreotti, soutenu cette fois-ci également par le Parti communiste italien.
Au cours de cet enlèvement, les cinq hommes qui escortaient Aldo Moro furent tués: les agents de police Raffaele Iozzino (1953-1978) et Giulio Rivera (1954-1978), le brigadier de police Francesco Zizzi (1948-1978), l’appointé des carabiniers Domenico Ricci (1934-1978) et le maréchal des carabiniers Oreste Leonardi (1926-1978).
La détention d’Aldo Moro se poursuivit durant 55 jours, au cours desquels les Brigades Rouges émirent neuf communiqués et envoyèrent différentes lettres autographes de l’homme d’Etat adressées à des membres de sa famille ainsi qu’à des personnalités du monde politique et religieux.
Le 5 mai 1978, les Brigades Rouges diffusèrent le dernier communiqué, dans lequel elles annonçaient l’exécution de l’homme politique italien. Son cadavre fut retrouvé sur indication des Brigades Rouges le 9 mai suivant, à Rome.
Vingt-cinq années après l'”affaire Moro”, qui bouleversa à l’époque la vie politique et sociale de l’Italie et du monde entier, et dont les conséquences – tant politiques que morales – ont longtemps pesé sur l’histoire italienne de la seconde après-guerre, une réflexion renouvelée s’impose sur l’expérience de la lutte armée telle qu’elle a été conçue et mise en œuvre par les Brigades Rouges, qui ont certainement été le groupe le plus connu du mouvement révolutionnaire communiste combattant, au point que l’on a pu parler à son sujet de “puissance géométrique”.
Une telle réflexion devient d’autant plus nécessaire aujourd’hui. En effet, les observateurs ont longtemps pensé pouvoir limiter chronologiquement le phénomène brigadiste de 1970 – la première Brigade Rouge est constituée en novembre de cette année-là chez Pirelli, à Milan – à 1989, avec l’assassinat du sénateur démocrate chrétien Roberto Ruffilli (1937-1989) le 16 avril à Forli.
Cependant, dix années plus tard, avec le même sigle que celui utilisé pour l’assassinat de Ruffilli, à savoir “Brigades Rouges – Parti communiste combattant”, les Brigades Rouges ont fait leur retour sur la scène, se proposant ainsi de relancer au début du 21ème siècle la stratégie armée révolutionnaire qui avait ensanglanté l’Italie au cours des décennies 1970 et 1980.
C’est ainsi que, le 20 mai 1999, les Brigades Rouges tuent à Rome le professeur Massimo D’Antona (1948-1999), enseignant universitaire et conseiller législatif du ministre du Travail Antonio Bassolino durant le gouvernement présidé par Massimo D’Alema. Ensuite, le 19 mars 2002, un groupe brigadiste exécute à Bologne l’économiste Marco Biagi (1950-2002), consultant de Roberto Maroni, ministre du Bien-être au sein du gouvernement présidé par Silvio Berlusconi. Enfin, le 2 mars 2003, à Castiglion Fiorentino (village situé à 15 kilomètres d’Arezzo), un échange de coups de feu avec les Brigades Rouges à bord du train Rome-Florence voit la mort d’Emanuele Petri (1955-2003), surintendant de la police ferroviaire, et du brigadiste Mario Galesi (1965-2003), qui était recherché avec Desdemona Lioce (appréhendée à cette occasion) pour l’homicide D’Antona.
Ce nouveau et dramatique sillage sanglant ainsi que le vingt-cinquième anniversaire de l’enlèvement de Moro imposent, comme nous le disions, une réflexion renouvelée sur les Brigades Rouges. Nous estimons pouvoir contribuer à cette réflexion avec des analyses et documents mettant en lumière la matrice culturelle, politique et idéologique des Brigades Rouges et du phénomène qui lui est associé. Dans ce sens, il nous a paru utile d’amorcer cette analyse en reproduisant intégralement les neuf communiqués émis durant le tragique printemps 1978, marqué par la “campagne Moro”.
PierLuigi Zoccatelli
16 mars 2003
Ci-dessous, les lecteurs de Terrorisme.net peuvent accéder au texte intégral de chacun des neuf communiqués (en langue italienne) émis par les Brigades Rouges à propos de l’enlèvement d’Aldo Moro entre mars et mai 1978.
Communiqué N° 1 – 16 mars 1978
Communiqué N° 2 – 25 mars 1978
Communiqué N° 3 – 29 mars 1978
Communiqué N° 4 – 4 avril 1978
Communiqué N° 5 – 9 avril 1978
Communiqué N° 6 – 15 avril 1978
Communiqué N° 7 – 20 avril 1978
Communiqué N° 8 – 24 avril 1978